Préface

L’évangile de Jean est différent des autres. Cet évangile, écrit après ceux de Matthieu, de Marc et de Luc, rapporte de nombreux faits absents des trois premiers. Ce qui est surprenant, et particulièrement intéressant, c’est que Jean rapporte certains des prodiges les plus étonnants de Jésus. Par exemple, la guérison à distance d’un mourant, les guérisons à Jérusalem d’un homme paralysé depuis 38 ans et d’un aveugle de naissance, la résurrection de Lazare mort depuis quatre jours.

Jean rapporte aussi les paroles les plus profondes de Jésus sur lui-même et sur la foi. Les célèbres « Je suis » ne se trouvent que dans Jean : Jésus affirme être « le pain de vie », « la lumière du monde », « la porte des brebis », « le bon berger », « la résurrection et la vie », « le chemin, la vérité et la vie » et « le vrai cep ». Jean contient les affirmations les plus manifestes sur la divinité de Jésus. Au début de l’évangile, l’auteur affirme que Jésus « est Dieu » (1.1), et à la fin de l’évangile, Thomas confesse que Jésus « est Dieu » (20.28).

L’humanité de Jésus n’est pas en reste dans cet évangile. Jésus est fatigué, il a soif et il pleure. Deux longs dialogues décrivent la relation humaine que Jésus a eue avec deux individus en quête de vérité, un homme (Nicodème) et une femme (une Samaritaine).

Il n’est pas exagéré d’affirmer que Jean présente le meilleur de Jésus dans le domaine de la foi, de la puissance et de la connaissance de Jésus, ainsi que des conditions du salut.

Dans notre commentaire, nous proposons que la particularité et la richesse exceptionnelle de cet évangile tiennent à trois éléments.

1. Les qualifications de l’auteur.

2. Le témoignage de Jésus à Jérusalem.

3. Le temps de réflexion dont l’auteur a disposé avant de rédiger son écrit.

Aujourd’hui, l’analyse de l’évangile de Jean a besoin d’être recadrée, car beaucoup attribuent ‘la théologie johannique’ au discours tardif de l’église primitive. Jean serait un évangile plus théologique qu’historique. Ainsi, on a soutenu que cet évangile est une reconstruction fictive de la vie de Jésus, au lieu de se laisser porter par les paroles mêmes de l’auteur. Celui-ci se présente comme un témoin oculaire de premier plan qui rapporte avec vérité ce qu’il a vu et entendu.

Devant l’abondance et la richesse de l’enseignement de Jésus, l’auteur n’a pas amplifié les propos de son maître, mais il les a (simplement) sélectionnés, minutieusement, afin que les lecteurs puissent arriver à la foi.

Jean n’a pas hésité à transmettre certaines paroles ambiguës de Jésus, sans les modifier, ajoutant parfois une courte parole explicative. Les faits et les paroles de Jésus parlent par eux-mêmes. Jean n’est pas l’interprète de Jésus, mais le témoin fidèle.

Dans ce commentaire, nous avons renoncé à transmettre une multiplicité d’interprétations pour mieux nous concentrer sur la cohérence des quatre évangiles et les choix de Jean. L’important est de comprendre les propos et les actes de Jésus en lien avec le déroulement temporel de son ministère et l’emphase que Jésus a placée sur son ministère à Jérusalem.

Jean a écrit son évangile sous l’inspiration de l’Esprit. Cet Esprit lui a rappelé fidèlement tout ce que Jésus avait fait et enseigné, afin que les êtres humains puissent arriver à la connaissance de la foi et recevoir la vie.